Enseigner et apprendre avec le numérique
#EtatsGénérauxNumérique
Numérique, la panacée ? Non !
Au regard de la crise, s'il y a une part du métier d'enseignant qui s'est bien montrée, c'est le lien direct avec l'élève. Elle s'est révélée par son absence.
Voir s'opérer un raisonnement, une procédure, m'offre la meilleur connaissance des élèves, et c'est ce qui fait mon expertise. Un écrit n'offre pas cela ,pas plus que les visios en distanciel.
Et ces moments ne se programment pas (pas toujours en tout cas). Car enseigner, c'est réagir aux propositions (écrites, orales, parfois émotionnelles) des élèves. Le distanciel ne permet pas cela.
Enseigner à des jeunes est fondamentalement un métier de relations humaines réelles.
Je propose qu'on écrive dans le code de l'Education l'interdiction de l'usage du distanciel dans toute forme de formation initiale (à l'exception des crises comme celle que l'on vient de connaître qui, par définition, sont rares).
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22 commentaires
Conversation avec Jerome Gilbert
Votre proposition d'écrire dans le code de l'Education l'interdiction de l'usage du distanciel dans toute forme de formation initiale (à l'exception des crises comme celle que l'on vient de connaître qui, par définition, sont rares) va à l'encontre de toutes les réflexions qu'il nous est proposées de faire à l'occasion de ces états généraux du numérique pour l'éducation !
Autant je vous suis sur vos autres propositions, pour celle-ci je vote pour une éducation hybride où nous pourrions profiter du meilleur des deux approches en salle de cours et à distance en utiliser les moyens numériques pour ce qu'ils ont à offrir.
On nous demande de réfléchir sur la place du numérique, pas nécessairement sur l'arrivée inéluctable d'un certain modèle.
Il y a des choses à faire avec le numérique, c'est certain. Mais proposer une formation en distanciel (même partiel) à des jeunes, je vois combien cela peut être délétère. Je ne souhaite pas ce modèle.
Je vois bien moi-même comme j'ai du mal à m'investir dans des formations professionnelles en distanciel alors que je suis très volontaire pour changer ma pratique avec des formations en présentielle.
Conversation avec Christophe Lapp
Distanciel n'est pas synonyme d'absence de lien avec l'élève. Il y a le lien direct en présentiel, et cela ne se remplacera pas, certes! Le distanciel offre d'autres formes de lien qu'il est nécessaire d'explorer pour se rendre compte qu'elles existent. C'est un lien différent que l'on se doit d'explorer pour en exploiter toutes les potentialités et les ressorts.
Rejeter le distanciel (ou le numérique), ce serait équivalent à rejeter la révolution culturelle amenée par l'invention de l'imprimerie. La révolution numérique est marche, qu'on le veuille on non!
Le métier de l'enseignement requière une connaissance complète de toutes les situations d'enseignement existantes, et de savoir, ou apprendre à, utiliser les moyens nécessaires à rendre l'apprentissage efficace et performant.
Distanciel et numérique sont deux choses différentes. Le numérique offre effectivement des possibilités.
Le distanciel ne m'a rien offert que le présentiel ne m'aurait offert aussi. Au contraire, le distanciel m'a mis plus de contraintes pour moins d'informations.
Pour autant, j'ai découvert, par l'obligation d'être en distanciel, des pratiques numériques que j'essaierai d'intégrer à mes cours en présentiel avec, je l'espère, un vrai gain.
Je ne peux pas cacher que la découverte des apports du numérique en présentiel prend énormément de temps, car je me suis heurté à de nombreux écueils durant très longtemps.
Ce qui m'a aidé à faire la part des choses sont les sciences cognitives (https://apprendre-reviser-memoriser.fr/apprentissage-selon-les-sciences-cognitives/). Sans ce regard vers les sciences cognitives, je ne serais pas arriver à voir l'intérêt de beaucoup d'outils: leur usage probant est fortement dépendant du scénario pédagogique.
Je suis complètement d'accord. L'utilisation du numérique demande beaucoup de temps de préparation (plus que d'autres support) et une formation lourde (car connaître finement les outils permet de les utiliser pertinemment).
Autant les personnes qui ne jurent que par et pour le numérique m'insupportent, autant votre proposition m'indispose. Je parle tout simplement de liberté pédagogique.
Conversation avec MUNIGA
Vous voyez, dès le début il y a déjà une énorme erreur.
Le numérique ce n'est pas forcément un enseignement à distance.
Exemple lorsque j'appuie sur la pédale de frein de mon automobile, j'utilise le numérique (le frein ABS). Et pourtant je ne conduis pas en distanciel. C'est bien moi qui suis au volant.
Ridicule me direz vous, non !
On peut utiliser le numérique à l'école à la place d'outils devenus obsolètes. Si un usage raisonné est fait du numérique en classe, il est facile lorsque la nécessité s'impose, de passer au distanciel.
Exemple avec ce numérique.
https://www.geographie-muniga.com/
Créé pour être exploité en classe, l'élève peut le reprendre à la maison en temps normal pour mieux comprendre, pour améliorer ses performances. Mais en temps exceptionnel de confinement comme ce fut le cas, un enseignant peut l'utiliser pour faire du distanciel.
Il me semble que la solution serait celle-ci.
Je fais la même distinction que vous. Mais j'accorde que mon titre est mal choisi. J'aurais dû parler de distanciel, plutôt que de numérique.
Conversation avec MUNIGA
Sébastien Dassule-Debertonne je ne peux pas être d'accord avec vous sauf que, sur un point vous avez raison. Effectivement la création d'outils numériques ou de produits numériques demande des heures considérables et surtout une formation.
Mais un enseignant n'en a guère besoin. Avez-vous reçu une formation lourde et un investissement conséquent pour passer du paiement en numéraire au paiement électronique ?
Non ! Parce que vous avez été usager. Pour l'école cela devrait être identique. Qu'on laisse les enseignants (comme moi) qui le souhaitent produire du numérique. Mais que tout enseignant, tout élève soient utilisateur d'outils numériques. La vraie réforme c'est celle-ci et non pas de chercher à faire produire absolument des capsules par les enseignants ou même par les élèves.
Je ne suis pas d'accord. Exemple simple : produire des QCM pertinents avec certaines applications peut être très intéressant pédagogiquement. Il n'en reste pas moins que cela est très chronophage, si on s'autoforme, car on n'a pas toujours les astuces qui permettent de gagner du temps. De même avec d'autres types de fichiers, sans aller jusqu'au capsules vidéos.
Votre exemple est mal choisi, le paiement électronique est extrếmement simple, mais ceux qui ont construit le logiciel le permettant avaient certainement une formation lourde dans le logiciel qui l'a permis. Dans ce cadre, j'ai plutôt le rôle d'élève que d'enseignant. L'enseignant doit construire un fichier simple pour les élèves, ce qui le conduit parfois à faire des choses complexes en amont. D'où la nécessité d'une formation.
Sébastien Dassule-Debertonne moi en revanche je suis d'accord avec vous. Sur un ancien site je proposais des QCM (toujours en ligne). Je sais le temps qu'il m'a fallu pour les produire. Mais je persiste et je signe : ce n'est pas à l'enseignant (sauf s'il est volontaire et encore il devrait être reconnu et gratifié) de produire du numérique. C'est à l'éducation nationale de lui en fournir.
Il faut arrêter aussi avec ces travers que chaque enseignant doit produire pour sa (ses) classes. L'absurdité vient d'avant le numérique. Un inspecteur ne veut pas voir deux fois la même leçon.
Alors si on transpose cette absurdité au numérique, on peut déjà prendre un billet pour l'hôpital psychiatrique ou mieux, ne pas utiliser le numérique.
Vous ne croyez pas ?
Et pourtant c'est ce que demandait le ministre pendant le confinement !
Conversation avec Prof_Phys-Chim
Avant de faire quoi que ce soit de numérique, il faut que les élèves et enseignants aient du matériel... mais surtout une bande passante à la hauteur pour gérer tous ces flux. Ce qui n'a pas du tout été le cas pendant le confinement. Que de déconnexions !
Un cours en présentiel permet de s'adapter aux connaissances des élèves, de rebondir sur leurs échanges, de créer le cours ensemble, d'avoir leur réponse physique (visage, yeux, etc)...
Si le confinement a bien démontre quelque chose, c'est justement que l'enseignement à distance n'est pas possible !
Après qu'on s'en serve, c'est une évidence (toujours bonne à dire) mais surtout pas pour cautionner l'enseignement à distance.
Prof_Phys-Chim je vous suis à 100%.
Depuis de nombreuses années et sur tous les forums et autres états généraux je répète la même chose. Le numérique s'utilise et se pratique d'abord en présentiel et pendant toute l'année scolaire et surtout pendant toute la scolarité. Après et seulement après on peut espérer que presque tous élèves accrochent avec un éventuel enseignement à distance obligé par un confinement.
J'utilise toujours cet exemple. On apprend aux élèves à se servir des calculatrices scientifiques (c'est aussi du numérique), on l'utilise en classe en présentiel, après on peut demander aux élèves de l'utiliser à la maison dans le cadre de devoirs maison. Et enfin, si confinement il y a on peut leur demander de s'en servir. Pour le numérique en général c'est, pour moi, cette démarche et aucune autre ne tiendra la route.
Là où je suis d'accord, c'est que le numérique ne doit pas totalement remplacer l'enseignant.
Par contre, je ne peux pas vous soutenir dans votre souhait de rendre le distanciel interdit ou seulement de façon exceptionnelle.
Pendant le confinement, j'ai eu la bonne surprise de voir des élèves s'épanouir et se révéler avec les cours à distance. Interdire le distanciel, c'est empêcher ces élèves d'avoir un enseignement qui s'adapte à leur façon d'apprendre.
Il faut que l'éducation nationale se modernise afin de proposer à chaque élève la façon de suivre les cours qui lui convienne le mieux.
Si un jour (j'espère qu'il arrivera), l'éducation nationale me propose de faire cours en hybride, je signe tout de suite.
Je suis contre le fait d'imposer un système. Il faut que l'éducation gagne en agilité. Il faut permettre aux collègues et aux élèves qui le souhaitent de bénéficier une part de distanciel.
....1/
Conversation avec FEREY-STMG
...2/
Ce qui, selon moi, rend l'éducation nationale de moins en moins performante est sa rigidité pesante à tous les niveaux (organisation du temps scolaire, administration, matériel d'un autre âge, l'encadrement, le financement).
Quand on voit qu'en 2020, on fait toujours cours de la même manière qu'il y a 50 ans, je trouve qu'il y a un problème. Je supporte de moins en moins les classes "autobus". Si on ajoute à cela le matériel peu adapter au numérique du XXIème siècle, ça me déprime.
Le numérique a un énorme potentiel pédagogique et on continue de former les élèves à l'ancienne.
La société se modernise et l'éducation a besoin également de se moderniser.
Le confinement a au moins eu le mérite de montrer que le télétravail est un véritable atout et que le présentéisme n'est pas le modèle idéal.
Je ne peux pas adhérer à deux choses :
1/ Le télétravail est un véritable atout. Ce n'est pas ce que j'ai ressenti et aucun de mes collègues ne m'a tenu ce propos. Le télétravail a limité la relation à l'élève, ce qui est le cœur du métier, et le plus gros moteur pour faire avancer les élèves.
2/ On fait cours comme il y a 50 ans. Ah non, et j'ai plein de contre-exemple à cela (ilôts, classe inversée, ...). Charge à vous de changer votre pratique. Plein de collègue le font. Le numérique n'est pas la seule façon de changer.
Effectivement, le numérique a un certain potentiel. Mais il faut voir le rapport bénéfice/temps de travail (des élèves ou du prof). Et parfois un bon papier crayon a du bon.
Mais le distanciel (ce qui n'est pas la même chose) c'est non.
1/ Vous n'utilisez pas le terme télétravail correctement. Nous avons toujours fait du télétravail. En effet, techniquement, le télétravail est le fait de travailler de chez soi ou en dehors de son établissement. En dehors de notre obligation de services, nous travaillons toujours à distance pour préparer nos cours, corriger nos copies et faire de l'administratif. Vous confondez avec les cours à distance. Certes, vous n'avez pas apprécié, ni vos collègues mais est-ce une raison pour l'interdire à ceux (profs et élèves) qui le préfèrent ou aimeraient le faire ? Je ne vois pas en quoi les cours à distance limite la relation à l'élève. Tout dépend comment on l'organise.
2/ Rassurez-vous je n'ai pas attendu cette consultation pour moderniser ma pratique. La pédagogie inversée s'est développée justement grâce au numérique.
Je suis d'accord avec vous sur le fait qu'un papier crayon peut suffir. Mais, le numérique peut être bien plus efficace dans certaines situations.
Plutôt que le rapport bénéfice/temps, je préfère regarder l'efficacité de la pédagogie.
Enfin, si vous vous promenez dans les couloirs vous verrez que les élèves sont bien plus souvent en configuration classique qu'en îlot.
Je réponds au projet d'inscription dans le code de l'éducation: si vous interdisez le distanciel, vous interdisez aux élèves de suivre un enseignement qui ne soit pas dispensé dans son établissement de rattachement. Vous interdisez à un élève de 4ème d'étudier une autre langue que l'espagnol ou l'allemand par exemple dans une proportion écrasante de collèges.
L'interdiction d'un outil par la législation n'a pas de sens si aucun danger ne lui est essentiellement lié, ce n'est pas le cas du numérique, et l'interdiction d'un mode d'enseignement engage trop de problème. Si vous me permettez de reformuler votre proposition, il s'agit surtout de s'assurer que le contact humain existe, et donc ce dont vous souhaitez prémunir les élèves c'est un enseignement et une évaluation dont l'essentiel soit le fait de procédures automatisées et sans contrôle humain...
Je rejoins la position et le commentaire de @RichardPiconhttps://etats-generaux-du-numerique.education.gouv.fr/profiles/Richard_Picon.
Le numérique doit être un outil permettant une amélioration quotidienne de nos pratiques. Dans le respect de la liberté pédagogique il ne doit pas être pour autant imposé à chaque enseignant.
Je rejoins également d'autres avis mentionnant l'utilisation de modèles pré existant. Oui l'éducation Nationale doit reconnaître un temps de création numérique ou être à même de fournir des logiciels ou documents numériques à tous les enseignants s'ils le souhaitent.
Pour ma part, je reste très attachée aux livres et au présentiel. Le travail auprès des ULIS ou des enfants du voyage ou encore des enfants connaissant des difficultés d'apprentissage ont véritablement besoin d'une présence humaine qualifiée pour apprendre. Nous connaissons aujourd'hui tous des classes très hétérogènes. Comment appréhendez vous la différenciation avec le numérique en distanciel ?
Comment appréhender la différenciation par le numérique et en distanciel au sein de nos classes si hétérogènes ?
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